Derrière l’assassinat de l’ambassadeur américain à Benghazi.

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di Bernard Lugan

su www.realpolitik.tv e www.bernardlugan.blogspot.it

tradotto da Germinario Giuseppe

 

Acteur plus qu’actif du renversement de Mouammar Kadhafi, Christopher Stevens, en déplacement à Benghazi, a été pris au piège dans les locaux du consulat de son pays. Au-delà de ce meurtre et de son prétexte pseudo religieux, quelle analyse pouvons-nous faire de la situation en Libye?

 

Jusqu’à aujourd’hui, et à en croire les médias, la Libye était sur la voie de la normalisation : l’économie redémarrait avec la reprise des exportations de pétrole et de gaz et des institutions démocratiques se mettaient en place à la suite des élections législatives du 7 juillet 2012. Aveugles et sourds, les observateurs bêlèrent de bonheur quand ces dernières virent la défaite des fondamentalistes et la victoire de l’ Alliance des forces nationales (AFN) vite baptisée « libérale ».

Or, comme il fallait s’y attendre, ce calendrier démocratique très « européocentré » n’a évidemment pas permis de remettre le pays sur ses pieds et cela pour une simple raison qui est que la Libye n’existe plus.

 

Le colonel Kadhafi avait réussi, au prix d’une dictature sévère, à imposer la stabilité intérieure dans un pays aujourd’hui menacé d’une fragmentation régionale (Tripolitaine-Cyrénaïque-Fezzan) doublée de fractures  interrégionales et religieuses.

 

En  Tripolitaine deux grandes coalitions régionales s’opposent :

 

1) A l’Ouest, l’AFN de Mahmoud Jibril a pour cœur la fraction tripolitaine des Warfalla, sa tribu qui, à elle seule, totalise 30% de la population. Ses alliés et partenaires se recrutent à Zenten [1] et parmi les tribus de l’ouest, dont les Berbères du jebel Néfusa et de Gahryan.

 

2) A l’Est, la coalition islamo-Misrata est quant à elle puissamment soutenue par le Qatar. Le port de Misrata est aujourd’hui aux mains de ces milices gangsgtéro-fondamentalistes qui lynchèrent le colonel Kadhafi, tranchèrent les mains de son fils cadet avant de lui crever les yeux et de l’égorger. Ce furent ces « combattants de la liberté », ces « démocrates » chers à BHL, que le président Sarkozy ordonna aux commandos français de sauver quand les forces du colonel Kadhafi étaient sur le point de prendre la ville…Joli coup !

 

En Cyrénaïque, où le 6 mars 2012, Ahmed Zubaïr al-Senoussi a été élu émir par les chefs des tribus, deux grandes forces s’opposent, les fédéralistes et les islamistes.

L’irrédentisme de la Cyrénaïque est une donnée historique. Dans les années 1945-1950, quand l’ONU força la Grande-Bretagne, l’Italie et la France à accélérer le processus d’indépendance de la Libye,  les tribus de Cyrénaïque, réticentes à l’idée de la création d’un Etat libyen, n’acceptèrent l’union qu’à deux conditions :

1) Que le chef de la confrérie sénoussiste, Idriss en devienne le chef. Il régna sous le nom d’Idriss I° de 1951 à 1969.

2) Qu’une large autonomie soit reconnue à la Cyrénaïque.

 

En 1969, dès sa prise de pouvoir, Mouammar Kadhafi abolit la monarchie et imposa la domination de la Tripolitaine, ce que la Cyrénaïque n’accepta jamais. C’est pourquoi la guerre civile qui allait le renverser y commença.

 

Les islamistes qui ont soutenu la rébellion de la Cyrénaïque veulent maintenant « coiffer » les fédéralistes, mais ils ont en face d’eux d’autres musulmans. Un féroce combat oppose en effet les fondamentalistes qui n’ont pas de tradition locale aux membres des confréries soufies dont le poids régional est important. Le fief des islamistes radicaux est Derna où ils ont constitué un Emirat. Depuis plusieurs semaines, ils tentent de prendre le contrôle de Benghazi. L’attaque contre le consulat américain fait partie de leur stratégie.

Qui va l’emporter ? Il est impossible de le dire. Actuellement les fondamentalistes de Cyrénaïque cherchent à s’appuyer sur les milices de Misrata lesquelles recherchent leur soutien contre celles de l’Ouest. Furieux de la défaite de ses protégés à Tripoli, le Qatar semble particulièrement actif dans cette opération.

 

La question qui se pose désormais est de savoir si la Libye peut survivre comme Etat. Peu à peu y apparaît en effet une situation de guerres régionales, tribales, claniques, religieuses ; comme en Somalie. Elles pourraient être suivies d’un éclatement territorial, le pays étant alors découpé en « touches de piano » avec un port dans le prolongement des gisements d’hydrocarbures de l’intérieur.

Désormais, l’alternative est simple : soit les nouvelles autorités mettent un terme au chaos – mais comment ? – et reconstruisent l’Etat sous une forme ou sous une autre, soit la Libye demeure ingouvernable. Dans ce cas,  les islamistes pourraient alors jouer une carte maîtresse, celle du modèle religieux transcendant les divisions afin de les coaguler dans un tout commun, l’Oumma.

 

Ceux qui ont permis ce désastre avec ses prolongements dans toute la bande sahélienne (voir les numéros de l’Afrique Réelle consacrés à cette question), sont ceux qui ont décidé de s’immiscer dans la guerre civile libyenne, au premier rang desquels l’ancien président de la République française. Quant au malheureux ambassadeur américain, le moins que l’on puisse dire est que ses anciens protégés se sont montrés bien ingrats envers lui…

 

Bernard Lugan

12/09/12

 


[1] Les miliciens de Zenten détiennent Seif al Islam, le fils du colonel Kadhafi.

Publié par Administrateur à l’adresse 19:53

 

Mercoledì 12 Settembre 2012

Dietro l’assassinio dell’ambasciatore statunitense a Bengasi.

Attore più che attivo del rovesciamento di Muammar Gheddafi, Christopher Stevens, in missione a Bengasi, è rimasto intrappolato nel consolato del suo paese. Al di là di questo omicidio e del pretesto pseudo-religioso, quale analisi possiamo fare della situazione in Libia?

Fino ad oggi, a credere ai media, la Libia era sulla strada della normalizzazione: l’economia  con la ripresa delle esportazioni di petrolio e di gas si riavviava e  istituzioni democratiche sono state istituite a seguito delle elezioni del 7 luglio 2012. Ciechi e sordi, gli osservatori belavano felicità  nel constatare la disfatta dei fondamentalisti e la vittoria dell’Alleanza delle Forze nazionali (AFN) subito battezzata “liberale”.

Tuttavia, come ci si sarebbe aspettato, questo calendario democratico assolutamente “eurocentrico”, non ha evidentemente contribuito a rimettere il Paese in piedi e questo per il semplice motivo che la Libia non esiste più.

Il colonnello Gheddafi era riuscito, al prezzo di una severa dittatura, di imporre la stabilità interna a un paese ormai minacciato da una frammentazione regionale (Tripolitania, Cirenaica, Fezzan) sovrapposta a fratture interregionali e religiose.

In Tripolitania due coalizioni principali regionali opporsi:

1) A Ovest, l’AFN di Mahmoud Jibril ha come nucleo centrale la frazione tripolina dei Warfalla, la sua tribù che da sola rappresenta il 30% della popolazione. I suoi alleati e partner si reclutano a Zenten [1] e tra le tribù dell’ovest, compresi i berberi del Jebel Nefusa e di Gahryan.

2) In Oriente, la coalizione islamica di Misurata è a sua volta fortemente sostenuta dal Qatar. Il porto di Misurata è ora nelle mani delle milizie gangsgtéro-fondamentaliste che linciarono il colonnello Gheddafi, mozzarono le mani di suo figlio più giovane davanti a lui, cavarono i suoi occhi e lo sgozzarono. Era questi i “combattenti per la libertà”, questi i “democratici” cari a BHL, quelli che il presidente Sarkozy ordinò di salvare ai commandos francesi quando le forze di Gheddafi stavano per prendere la città … Bel colpo!

In Cirenaica, dove il 6 Marzo 2012 Zubair Ahmed al-Sanusi è stato eletto emiro dai capi delle tribù, due grandi forze si oppongono: i federalisti e gli islamisti.

L’irredentismo della Cirenaica è un dato storico. Negli anni 1945-1950, quando l’ONU costrinse la Gran Bretagna, l’Italia e la Francia ad accelerare il processo di indipendenza della Libia, le tribù della Cirenaica, riluttanti all’idea di creare un Stato libico, non accettarono l’Unione che a due condizioni:

1) che il capo della Fratellanza sénoussita, Idriss ne diventasse il leader. Egli regnò sotto il nome di Idris I ° dal 1951 al 1969.

2) che fosse riconosciuta l’autonomia della Cirenaica.

Nel 1969, dopo la presa del potere, Gheddafi abolì la monarchia e impose il dominio della Tripolitania, cosa che la Cirenaica non ha mai accettato. È per questo che cominciò la guerra civile che lo avrebbe rovesciato.

Gli islamisti che hanno sostenuto la ribellione della Cirenaica ora vogliono “pettinare” i federalisti, ma hanno di fronte a loro altri musulmani. Una battaglia feroce infatti oppone i fondamentalisti che non hanno tradizione locale ai membri di confraternite sufi il cui peso regionale è importante. La roccaforte degli islamici radicali è Derna dove hanno costituito un Emirato. Da diverse settimane cercano di prendere il controllo di Bengasi. L’attacco contro il consolato degli Stati Uniti come parte della loro strategia.

Chi vincerà? E’ impossibile dire. Attualmente i fondamentalisti della Cirenaica cercano di appoggiarsi alle milizie di Misurata a loro volta in cerca di sostegno contro quelli dell’Occidente. Furioso per la sconfitta dei suoi protetti a Tripoli, il Qatar sembra essere particolarmente attivo in questa operazione.

La questione all’ordine del giorno ormai è se la Libia potrà sopravvivere come stato. A poco a poco prevale infatti una situazione di guerre regionali, tribali, claniche, religiose, come in Somalia. Potrebbero essere seguite da una ripartizione territoriale, il paese tagliato quindi come “una tastiera di pianoforte” con un trascinamento nel prolungamento di giacimenti di idrocarburi all’interno.

Ora, l’alternativa è semplice: o le nuove autorità pongono fine al caos – ma come? – e ricostruiscono lo stato in un modo o nell’altro, oppure la Libia rimane ingovernabile. In questo caso, gli islamisti potrebbero poi giocare una carta vincente; un modello che trascenda le divisioni religiose e coaguli le fazioni in una comunità, la Umma.

Coloro che hanno consentito questo disastro con le sue conseguenze in tutto il Sahel (cfr. i paragrafi dell’Africa reale su questo tema), sono gli stessi che hanno deciso di intervenire nella guerra civile libica, primo fra tutti l’ex Presidente della Repubblica francese. Per quanto riguarda lo sfortunato ambasciatore americano, il minimo che possiamo dire è che i suoi vecchi protetti hanno dimostrato ingratitudine nei suoi confronti …

Bernard Lugan

12/09/12

 

[1] La milizia Zenten tenere Seif al Islam, figlio del colonnello Gheddafi.

Pubblicato da Administrator a 07:53 p.m.