Système antimissile : une polémique à l’origine d’un nouvel axe politique ? (traduzione in calce)


Publié par Realpolitik.tv le 19 avril 2012 dans Articles

Notre spécialiste des relations entre l’Iran et la Russie, Emmanuel Archer, expert français installé à Moscou, analyse ici l’évolution des relations entre Moscou, Téhéran et Pékin, à l’aune des tensions sur le bouclier anti-missiles. Une analyse pertinente qui signale peut-être, au moment où la situation se crispe au Moyen-Orient (tentative occidentale de faire tomber le régime syrien), la formation d’un axe de contrepoids. – Aymeric Chauprade

Système antimissile : une polémique à l’origine d’un nouvel axe politique ?

Du discours de Munich en 2007 à l’article pour le Moskovskie Novosti en 2012 : Un retour à la case départ !

L’idée de coopération entre la Russie et l’Otan sur la création du bouclier antimissile en Europe a été posée sur la table des négociations de Lisbonne, lors du sommet Russie-Otan en novembre 2010. Lors de ce sommet, auquel participait le président russe Dimitri Medvedev, Moscou avait accepté de collaborer au projet avec l’Alliance Atlantique. De nombreux observateurs avaient parlé du résultat positif de la rencontre. Les relations entre Medvedev et Obama avaient alors été qualifiées de « cordiales » par le président russe, et le premier ministre italien Berlusconi s’était même risqué à jouer la carte de l’optimisme, en annonçant « un grand pas en avant mettant définitivement un terme à la guerre froide ». Les craintes dénoncées lors de la conférence sur la sécurité à Munich en 2007, par le président Poutine semblaient n’être qu’un mauvais souvenir. Et les signes encourageants d’un nouveau départ entre Moscou et les États-Unis, envoyés lors de la signature du traité sur les armes stratégiques (START-3) quelques mois auparavant, semblaient se confirmer. L’heure était à la détente et au réchauffement diplomatique.

Et pourtant, en février 2012, dans son article pour le quotidien Moskovskie Novosti consacré à sa politique étrangère, le candidat Poutine réitère les critiques de 2007. Il y dénonce à nouveau l’attitude de l’Otan, des États-Unis ainsi que l’architecture du bouclier antimissile en Europe.

Ces propos qui rappellent étrangement ceux tenus quelques années auparavant lors de son discours musclé de Munich, marquent l’échec des négociations entre la Russie et le Bloc Américaniste Occidentaliste (BAO) sur les principaux points de sécurité internationale.

Les raisons d’un échec

Rappelons d’abord que quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001, le président Bush s’était retiré de façon unilatérale du traité ABM de 1972 ; traité qui interdisait dans ses statuts aussi bien le déploiement du système global anti-missile, que le déploiement des systèmes ABM en dehors des frontières du pays signataire.
Libérée des différentes contraintes juridiques, l’administration américaine s’est alors employée à développer des partenariats stratégiques avec un certain nombre de pays européens, de façon à obtenir des accords visant à implanter des systèmes ABM sur leurs sols. Des discussions sous forme de négociations sont toujours en cours avec la Bulgarie, la République Tchèque, la Lituanie et même la Géorgie. Des accords ont en revanche déjà été trouvés en 2011 avec la Turquie – qui possède un radar couvrant une partie de l’espace russe – la Pologne (2008), et la Roumanie (2011)- qui devrait accueillir un radar couvrant le territoire russe jusqu’en Oural.

Pourtant, dès le début des négociations, la Russie avait été très claire. La coopération sera pleine et entière ou elle ne sera pas.
Aussi le Kremlin avait-il milité pour l’installation d’un seul système, intégrant les dispositifs des deux parties, Russie et Otan. Cette proposition avait l’avantage, malgré le désengagement des États-Unis sur le traité ABM de 1972, de conserver un statu quo et ainsi garantir un bon équilibre stratégique et géopolitique entre les puissances.
L’Otan, seule force décisionnelle en la matière n’ayant alors pas jugé bon de prendre en considération les demandes répétées du Kremlin, l’ex-président Dimitri Medvedev mit en garde les États-Unis et l’Alliance Atlantique, sur les mesures de rétorsion qu’il pourrait mettre en œuvre si de tels agissements persistaient : déploiement de missiles de type Iskander dans la région de Kaliningrad qui, rappelons le, vient de mettre en service un radar capable de contrôler jusqu’à 500 cibles dans un rayon de 6000 km (soit l’ensemble de l’Europe et de l’Atlantique) ; mise en place dans le sud et l’ouest du pays, de systèmes offensifs modernes capables de détruire les installations du bouclier anti-missile ; abandon, si nécessaire, du traité russo-américain de désarmement nucléaire, START, entré en vigueur en février 2011 et considéré comme le symbole du réchauffement des relations entre les deux pays.

Si un tel scénario devait se produire, nous assisterions alors à une rupture de l’équilibre fragile des forces dans le domaine nucléaire : la parité stratégique en serait modifiée et l’équilibre militaire et politique s’en trouverait ébranlé.

Pourquoi l’actuel développement du système ABM ne sera jamais accepté par la Russie ?

L’argument majeur avancé par les États-Unis pour justifier l’implantation du bouclier antimissile en Europe, consiste à répéter que cette installation est nécessaire pour assurer la protection des populations contre les menaces balistiques des pays qualifiés selon leurs critères de « voyous », notamment l’Iran. Vis à vis de la Russie, le caractère uniquement défensif du bouclier revient comme un leitmotiv pour apaiser Moscou, qui selon l’Otan n’a rien à craindre d’un « ennemi imaginaire ».

Malgré cela, en février 2012, Poutine alors encore premier ministre déclarait « le bouclier antimissile américain qui est en train d’être déployé en Europe, vise la Russie ». Le maintien de la position russe sur le dossier s’explique pour les raisons suivantes :

  • Un bouclier antimissile même défensif, procure, comme tout bouclier un avantage certain sur l’adversaire qui en serait dépourvu. Lapalissade ? peut-être. Mais il est utile de rappeler que celui qui a l’arme et le bouclier est maître d’un jeu dont il peut déclencher le signal à sa convenance, face à celui qui n’a que l’arme. Le système offensif/défensif contre le système défensif seul, entraîne un déséquilibre évident dans le rapport des forces.
  • La grille de lecture des États-Unis en ce qui concerne le ciblage des menaces potentielles ne saurait être un argument recevable pour les Russes qui ne prennent au sérieux ni la raison invoquée, ni la menace balistique iranienne. Tout d’abord parce que la Russie a proposé à plusieurs reprises une alternative plus efficace consistant au déploiement de missiles intercepteurs à proximité immédiate des frontières de l’Iran, en Turquie, au Koweït, ou même encore en Irak. Propositions restées lettres mortes. Ensuite parce que la Russie ne partage pas les craintes des États-Unis concernant la politique extérieure iranienne. Enfin, parce que nombre de spécialistes s’accordent à dire que l’Iran ne possède ni la technologie ni le potentiel industriel permettant de concevoir et de fabriquer des missiles intercontinentaux capables de parcourir les quelques 10000 Km qui les séparent des États-Unis.
  • La confiance que la Russie accorde aux États-Unis et à l’Otan est aujourd’hui sapée par de lourds antécédents. La Russie n’a toujours pas oublié que, contrairement aux promesses faites en 1989 à Gorbatchev, l’Otan a continué de s’étendre vers l’Europe de l’est et notamment vers les pays du Pacte de Varsovie. Elle n’a pas apprécié non plus le retrait unilatéral du traité ABM par les États-Unis en 2002. Plus récemment, elle n’a pas digéré les libertés que l’Otan a pu prendre en Libye pour renverser le gouvernement en place. Enfin, la Russie reste méfiante sur la politique étrangère du BAO, à qui elle reproche une attitude générale belliciste et d’ingérence.
  • Les nombreuses tergiversations et revirements concernant les négociations avec les pays comme la Pologne ou la République tchèque sur l’adoption du bouclier antimissile ne sont pas de nature à rassurer la Russie. De même que le refus de l’administration américaine de fournir des garanties juridiques attestant que le système déployé ne sera pas dirigé contre les forces de dissuasions russes, inquiète le Kremlin.

Pour toutes ces raisons, la Russie considère que l’implantation du bouclier antimissile en Europe est une tentative de prendre un avantage stratégique structurel décisif sur la Russie au profit de la puissance américaine.

Vers un nouvel axe politique : sino-russo-iranien

Les relations entre la Russie, la Chine et l’Iran ne datent pas d’hier. En revanche les récents rapprochements entre la Russie et les deux pays, Chine et Iran, sont liés aux rapports de force qui ont animé les relations entre le Kremlin et la Maison Blanche au moment de la chute de l’URSS.

Relations Russo-Chinoises

A la chute du mur de Berlin, avec l’expansion de l’Otan vers l’est, la Russie a vu sa zone d’influence géopolitique diminuer d‘autant. Afin de contrer cet encerclement stratégique, la Russie finit par se tourner vers la Chine, inquiète elle aussi de son isolement croissant sur la scène internationale. En 2001, les deux pays mettent en place l’Organisation de coopération de Shanghai. La même année, la Russie et la Chine signent le traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération, dont l’article 12 stipule que la Chine et la Russie respecteront « les accords fondamentaux relatifs à la sauvegarde et au maintien de la stabilité stratégique ». Cet article est symboliquement important. Il est à la fois un signe fort envoyé aux États-Unis et à l’Otan, et un marqueur de séparation entre deux blocs.

Relations Russo-Iraniennes

Au moment de l’implosion de l’URSS en 1991, la Russie se retrouve dans une situation de fragilité économique importante. La survie de celle-ci dépend en partie de la santé de son complexe militaro-industriel qui tient traditionnellement une place économiquement importante aussi bien dans l’ex-URSS que dans la Russie d’aujourd’hui. C’est ainsi que la Russie va se tourner vers l’Iran, qui deviendra l’un de ses trois plus grands marchés extérieurs avec l’Inde et la Chine. Les relations bilatérales vont se renforcer petit à petit avec la mise en place, en 1995, d’une coopération nucléaire et la signature d’un partenariat pour la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr. En 2001, Poutine signe également avec son homologue iranien un « pacte de coopération civile et militaire». Au-delà de ces relations économiques et énergétiques, l’Iran est aussi l’un des membres observateurs de l’OSC, lui conférant de facto une position au moins diplomatique dans cette organisation.

D’une relation trilatérale conjoncturelle à la création d’un axe structurel

Les relations trilatérales entre la Russie, la Chine et l’Iran étaient surtout d’ordre diplomatique, économique, énergétique et elles étaient motivées, au moins dans leur démarrage, par des causes circonstancielles. Mais en réaction au durcissement de la stratégie européenne et eurasiatique des États-Unis et de l’Otan, les relations trilatérales de ces trois pays sont en passe de rentrer dans une phase d’alliance objective.
Tout d’abord parce que la Chine, la Russie et l’Iran ont aujourd’hui bien conscience de la volonté du bloc BAO d’instaurer un nouvel ordre mondial (ou monde unipolaire), en totale opposition avec leurs intérêts propres et leur conception multipolaire du monde. Cette conscience maintes fois exprimée aux travers des discours de Vladimir Poutine peut se résumer dans cette phrase tenue devant les étudiants de l’université polytechnique de Tomsk lors de sa campagne présidentielle « ils (ndlr : les Américains) veulent tout contrôler (…). J’ai parfois l’impression que les États-Unis n’ont pas besoin d’alliés mais de vassaux, et qu’ils préfèrent la domination à un partenariat d’égal à égal ».
Ensuite parce que le double veto sino-russe dans le dossier syrien a rapproché les deux pays non seulement pour des raisons intrinsèques (accord sur la stratégie à suivre et succès diplomatique commun) mais aussi pour des raisons extrinsèques (schéma particulier du « Seuls contre tous »). Les succès dans ce dossier renforcent évidemment la position de l’Iran qui n’a jamais caché son soutien au gouvernement syrien en place.

L’implantation du bouclier antimissile en Europe est perçue par ces trois pays comme un danger mortel : l’Iran, parce qu’il craint que ce bouclier défensif ne puisse se transformer en un bouclier offensif pour une future attaque contre son territoire. La Russie par sa crainte de voir son potentiel stratégique neutralisé et donc son influence sur la scène internationale diminuer. Et enfin la Chine, qui craint avec l’affaiblissement de ses principaux alliés, de se retrouver dans une situation d’isolement à la fois économique et stratégique.

Ainsi, l’implantation du système ABM, pourrait devenir, au-delà du rapport de force militaire et stratégique entre nations, le symbole d’une ligne de démarcation, voire même de fracture entre deux conceptions du monde qui s’affrontent aujourd’hui sur la scène internationale. D’un côté celle des américains soutenue par l’Alliance Atlantique, perçue par de plus en plus de pays, comme interventionniste et unipolaire. Et d’un autre côté, celle des pays comme la Russie, la Chine ou encore l’Iran, favorable à un monde multipolaire et à un équilibre des forces.

Emmanuel Archer

Sistema di difesa missilistica: una controversia all’origine di un nuovo asse politico?

Pubblicato su Realpolitik.tv 19 Aprile 2012 in Articoli

Il nostro specialista nelle relazioni tra Iran e Russia, Emmanuel Archer, esperto francese con sede a Mosca, analizza l’evoluzione del rapporto tra Mosca, Teheran e Pechino, alla luce delle tensioni sullo scudo antimissile. Un’analisi pertinente che indica, nel momento in cui la situazione in Medio Oriente diviene tesa (il tentativo occidentale per rovesciare il regime siriano), la probabile formazione di un asse in contrappeso. – Aymeric Chauprade

Sistema di difesa missilistica: una controversia all’origine di un nuovo asse politico?

Dal discorso di Monaco di Baviera nel 2007 all’articolo per la Moskovskie Novosti nel 2012: un ritorno al punto di partenza!

L’idea di cooperazione tra la Russia e la NATO sulla creazione di difesa missilistica in Europa è stato posto sul tavolo dei negoziati di Lisbona, durante il summit Russia-NATO nel mese di novembre 2010. Durante il vertice che ha coinvolto il presidente russo Dmitry Medvedev, Mosca aveva accettato di collaborare al progetto con l’Alleanza atlantica. Molti osservatori avevano sottolineato  l’esito positivo della riunione. Il rapporto tra Medvedev e Obama era poi stato descritto come “cordiale” dal Presidente russo e il primo ministro italiano Berlusconi aveva addirittura osato giocare la carta dell’ottimismo, dichiarando: “un grande passo in avanti che pone fine definitivamente alla Guerra Fredda. ” I timori denunciati alla conferenza sulla sicurezza a Monaco di Baviera nel 2007, dal Presidente Putin sembravano essere solo un brutto ricordo. I segnali incoraggianti di un nuovo inizio tra Mosca e gli Stati Uniti, inviati in occasione della firma del trattato sulle armi strategiche (START-3) pochi mesi prima, sembravano confermarsi. Era il momento della distensione e della diplomazia calda.

Eppure, nel febbraio 2012, nel suo articolo per il quotidiano Moskovskie Novosti dedicato alla politica estera, il candidato Putin ha ribadito le critiche del 2007. Egli denuncia ancora una volta l’atteggiamento della NATO, degli Stati Uniti, così come l’architettura dello scudo missilistico in Europa.

Questi argomenti i quali ricordano stranamente quegli stessi tenuti pochi anni prima durante il suo duro discorso di Monaco, sottolineano il fallimento dei negoziati tra la Russia e il blocco americanista (BAO) sui principali temi della sicurezza internazionale.

Le ragioni del fallimento

Ricordiamo in proposito che pochi mesi dopo gli attentati dell’11 settembre 2001, il presidente Bush si era ritirato unilateralmente dal trattato ABM del 1972; trattato che nel suo statuto interdiceva esplicitamente tanto lo spiegamento del sistema globale antimissile, quanto quello dei sistemi ABM al di fuori dei confini dei paesi firmatari.
Liberato dai diversi vincoli giuridici, l’amministrazione americana si è impegnata a sviluppare partenariati strategici con un certo numero di paesi europei al fine di ottenere accordi per l’istallazione di sistemi ABM sul loro territorio. Discussioni in forma di trattative sono ancora in corso con la Bulgaria, la Repubblica Ceca, la Lituania e persino la Georgia. Accordi sono già stati trovati, invece, nel 2011 con la Turchia – che ha un radar che copre parte dello apazio russo – la Polonia (2008) e la Romania (2011) – la quale dovrebbe ospitare un radar che copre il territorio russo fino agli Urali.

Eppure, fin dall’inizio dei negoziati, la Russia era stata molto chiara. La cooperazione sarà piena o no.
Così il Cremlino aveva fatto una campagna per l’installazione di un solo sistema, integrando i dispositivi di entrambe le parti, la Russia e la NATO. Questa proposta ha avuto il vantaggio, nonostante il ritiro degli Stati Uniti dal trattato ABM del 1972, di mantenere uno statu quo e quindi garantire un buon equilibrio strategico e geopolitico tra le potenze.
Poiché la NATO, sola forza dal potere decisionale in materia, non ha ritenuto opportuno poi considerare le ripetute richieste del Cremlino, l’ex presidente Dmitry Medvedev ha avvertito gli Stati Uniti e l’Alleanza Atlantica, sulle misure di ritorsione che potrebbero essere attuate in caso di persistenza di tale atteggiamento: dispiegamento di missili di tipo Iskander  nella regione di Kaliningrad, che, ricordiamo, è in grado di attivare un radar in grado di monitorare fino a 500 obiettivi su un raggio di 6000 km (tutta l’Europa e l’Atlantico); installazione nel sud e nell’ovest del paese, di moderni sistemi offensivi in grado di distruggere le strutture di difesa missilistica; l’abbandono, se necessario , del trattato russo-americano sul disarmo nucleare, START, entrato in vigore nel febbraio 2011 e considerato un simbolo delle migliorate relazioni tra i due paesi.

Se questo scenario dovesse verificarsi, allora assisteremmo ad una rottura del fragile equilibrio delle forze in campo nucleare: la parità strategica sarebbe cambiata e l’equilibrio militare e politico sarebbe compromesso.

Perché l’attuale sviluppo del sistema ABM non sarà mai accettato dalla Russia?

Il principale argomento avanzato dagli Stati Uniti per giustificare l’istituzione del sistema di difesa missilistica in Europa, è quello di ripetere che questa struttura è necessaria per proteggere le popolazioni contro le minacce balistiche dei paesi qualificati,secondo i loro criteri, “canaglia”, in particolare l’Iran. Per quanto riguarda la Russia, il carattere esclusivamente difensivo dello scudo insiste come un leitmotiv per placare Mosca la quale secondo la NATO non ha nulla da temere da un “nemico immaginario”.

Nonostante questo, nel febbraio del 2012, ancora il primo ministro Putin dichiarava che “lo scudo missilistico degli Stati Uniti che viene distribuito in Europa, minaccia la Russia.” Il mantenimento della posizione russa sul problema è dovuto ai seguenti motivi:

  • Un scudo antimissile pur difensivo, comporta, come tutti gli scudi, un vantaggio decisivo sull’avversario eventualmente sprovvisto. Verità lapalissiana? Probabile. Ma vale la pena ricordare che uno che possiede lo scudo e l’arma padroneggia un gioco con il quale scatenare il segnale secondo convenienza nei confronti di chi non possiede che la sola arma. Il sistema difensivo-offensivo contro il solo sistema offensivo introduce uno squilibrio evidente nei rapporti di forza
  • La  griglia degli Stati Uniti in materia di individuazione di minacce potenziali non può essere un argomento ammissibile per i Russi i quali non prendono sul serio né la ragione invocata, né la minaccia balistica iraniana . Tanto più perché la Russia ha proposto a più riprese un’alternativa più efficace consistente nel dispiegamento di missili intercettori nella prossimità immediata delle frontiere dell’Iran, della Turchia, del Kuweit e ancora dell’Iraq. Proposte rimaste lettera morta. In secondo luogo, perché la Russia non condivide i timori degli Stati Uniti S t sulla politica estera dell’Iran. Infine perché numerosi specialisti concordano nel dire che l’Iran non possiede la tecnologia e il potenziale industriale in grado di progettare e produrre missili intercontinentali capaci di percorrere i circa 10.000 km che li separano dagli Stati Uniti.
  • La fiducia che la Russia accorda  agli Stati Uniti e alla NATO è oggi compromessa da pesanti precedenti. La Russia non ha tuttora dimenticato che, contrariamente alle promesse fatte a Gorbacev nel 1989, la NATO ha continuato ad estendersi ad Est, in particolare verso i paesi del Patto di Varsavia. Non ha apprezzato, tanto più, la disdetta unilaterale del trattato ABM da parte degli USA nel 2002. Più recentemente, non ha digerito le libertà che la NATO si è concessa in Libia per rovesciare il governo in carica. Infine, la Russia rimane diffidente sulla politica estera del  BAO cui rimprovera un atteggiamento gene​​rale bellicista e invasivo .
  • Le numerose tergiversazioni e riaggiusta menti riguardanti i negoziati con paesi come la Polonia o la Repubblica Ceca sull’adozione dello scudo missilistico non sono suscettibili di rassicurare la Russia. Così come il rifiuto dell’amministrazione americana di fornire garanzie giuridiche attestanti che il sistema dispiegato  non sarà diretto  contro le forze di dissuasione russe, sono cose che inquietano il Cremlino.

Per tutti questi motivi, la Russia ritiene che la creazione dello scudo missilistico in Europa è un tentativo di conseguire un vantaggio strategico sulla Russia strutturale decisivo a favore della potenza americana.

Verso un nuovo asse politico: sino-russo-iraniana

Le relazioni tra Russia, Cina e Iran non datano da ieri. Tuttavia, il recente riavvicinamento tra la Russia e i due paesi, Cina e Iran, è legato ai rapporti di forza che hanno animato le relazioni tra il Cremlino e la Casa Bianca al momento della caduta dell’URSS.

Relazioni russo-cinesi

Dopo la caduta del muro di Berlino, con l’espansione della NATO verso est, la Russia ha visto la sua sfera di influenza geopolitica ridotta significativamente. Per contrastare questo accerchiamento strategico, la Russia finisce per girarsi verso la Cina, lei stessa preoccupata per il crescente isolamento sulla scena internazionale. Nel 2001, i due paesi hanno istituito il gruppo di cooperazione di Shanghai. Lo stesso anno, la Russia e la Cina hanno firmato il trattato di buon vicinato, amicizia e cooperazione, il cui articolo 12 stabilisce che la Cina e la Russia rispetteranno “gli accordi fondamentali riguardanti la salvaguardia e il mantenimento della stabilità strategica”. Questo articolo è simbolicamente importante. E ‘sia un segnale forte inviato agli Stati Uniti e la NATO, ed una linea di separazione tra due blocchi.

Relazioni russo-iraniane

Al momento dell’implosione dell’Unione Sovietica nel 1991, la Russia si trova in una situazione di notevole fragilità economica. La sua sopravvivenza dipenderà in parte sulla salute del suo complesso militare-industriale, che detiene tradizionalmente un ruolo economico importante sia in Unione Sovietica e nella Russia di oggi. Così la Russia si volge all’Iran la quale diventerà uno dei suoi tre principali mercati esteri con l’India e la Cina. Le relazioni bilaterali saranno rafforzati gradualmente con l’introduzione nel 1995 di una cooperazione nucleare e la firma di un partenariato per la costruzione della centrale nucleare di Bushehr. Nel 2001, Putin ha firmato con il suo omologo iraniano un “patto di cooperazione civile e militare.” Oltre a questi rapporti economici e energetici, l’Iran è anche uno degli osservatori dei paesi membri della SCO, riconoscendogli una posizione de facto almeno diplomatica in questa organizzazione.

Da un rapporto trilaterale congiunturale alla creazione di un asse strutturale

Le relazioni trilaterali tra la Russia, la Cina e l’Iran erano per lo più di ordine diplomatico, economico, energetico ed erano motivate, almeno nella loro avvio, da cause circostanziali. Ma in risposta ad un indurimento della strategia europea ed euroasiatica degli Stati Uniti e della NATO, i rapporti trilaterali di questi tre paesi sono pronti a entrare in una fase di oggettiva alleanza.
In primo luogo, perché la Cina, la Russia e l’Iran hanno ora ben consapevolezza della volontà del blocco BAO di stabilire un nuovo ordine mondiale (o unipolare), in netto contrasto con i propri interessi e la loro visione di un mondo multipolare. Questa consapevolezza espressa più volte nei discorsi di Vladimir Putin si può riassumere in questa frase espressa davanti agli studenti del Politecnico di Tomsk durante la sua campagna presidenziale “che (nota: gli americani) vogliono controllare tutto (…). A volte ho l’impressione che gli Stati Uniti non abbiano bisogno di alleati, ma di vassalli, e preferiscono il dominio a un partenariato tra pari “.
In secondo luogo, perché il doppio veto russo-cinese nel caso della Siria ha riavvicinato i due paesi non solo per ragioni intrinseche (accordo sulla strategia da seguire e comune successo diplomatico), ma anche per ragioni estrinseche (modello particolare di “solo contro tutti “). Il successo in questo caso, ovviamente, rafforzare la posizione dell’Iran il quale non ha mai nascosto il suo sostegno al governo siriano in carica.

La realizzazione dello scudo antimissilistico in Europa è visto da questi tre paesi come una minaccia mortale: l’Iran, perché teme che questo scudo difensivo si può trasformare in uno scudo offensivo per un futuro attacco  contro il suo territorio. La Russia per il timore che il suo potenziale strategico sia neutralizzato e, quindi, la sua influenza sulla scena internazionale in declino.Infine la Cina che teme, a causa dell’indebolimento dei suoi alleati principali, di trovarsi in una situazione di isolamento, sia economicamente che strategicamente.

Pertanto, l’attuazione del sistema ABM  potrebbe diventare, al di là del rapporto di forze strategico e militare tra le nazioni, il simbolo di una linea di demarcazione, se non, addirittura, di frattura tra due visioni del mondo che oggi si affrontano a livello internazionale. Da un lato gli Stati Uniti sostenuti dalla Alleanza Atlantica, visti da sempre più paesi, come interventisti e unipolari. Dall’altra parte, i paesi come la Russia, la Cina o l’Iran, favorevoli a un mondo multipolare e a un equilibrio di potere.